Descriptif

Le philosophe est souvent celui qu’on convoque lorsqu’on veut penser une question sous ses moindres aspects, ou sous un autre aspect, ou encore plus en profondeur, parce qu’on imagine qu’il passe sa vie à réfléchir. C’est certainement en partie vrai.

Mais le philosophe, c’est aussi celui qui vit un « Gai Savoir ». C’est l’homme guéri, l’homme libéré, l’homme qui a atteint l’ataraxie. Celui qui ne fait plus de différence entre « sa vie telle qu’il la vit » et ce que l’on appelle l’extase, le nirvana. Amor fati. Là est sa guérison.

L’objectif de ce cours est de montrer que cette figure du philosophe est peut-être la plus essentielle. Il s’est agi jusqu’à ce jour, dans l’histoire de la philosophie, comme l’explique Nietzsche, non pas de vérité ou d’erreur, mais « de santé, d’avenir, de croissance, de puissance, de vie »

Gai Savoir. C’est l’histoire d’un homme qui s’est atteint lui-même, et qui déborde de gratitude. Cette gratitude est celle d’un homme guéri. Guérir, intégralement. Voilà la chose la plus inattendue ! Ainsi nous pourrons faire comme « ce ressuscité » : n’accuser personne, y compris les accusateurs. Se contenter de détourner le regard. N’être rien qu’un affirmateur.

Comment être heureux ? Certainement en s’acceptant beaucoup soi-même. Certainement en se cherchant beaucoup, pour pouvoir se trouver, toucher ce moi « placé infiniment au-delà de soi ».

Nietzsche fait preuve dans ce livre d’une authenticité, d’une sincérité édifiante. Il déborde d’enthousiasme, qui est celui de l’éternelle jeunesse, ou encore d’une jeunesse conquise, retrouvée. Il déborde de profondeur et de sagesse ; il déborde de profonds paradoxes. Il déborde de joie ; il déborde de vérité. J’espère juste que ce débordement, ce chef-d’œuvre du débordement, soit contagieux, et nous guérisse ainsi. Puisse-t-il nous transmettre sa santé !

Le philosophe sera ainsi bel et le bien ce « médecin de la culture » que Nietzsche avait pensé.