Descriptif

Professeur : Vincent BONTEMS

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Ce cours se propose de retracer la généalogie de la notion d’innovation, puis d’examiner diverses méthodes de gestion de la R&D qui visent à en favoriser l’émergence, et enfin d’en expliciter les enjeux éthiques en tant que projet de société.

Au XXI^e siècle, l’innovation semble l’horizon indépassable de toute recherche dans le monde entier. Jamais le terme n’a été aussi répandu, sa fréquence dans les publications en langues anglaise et française n’ayant cessé de croître depuis la Seconde Guerre mondiale. Pour autant, le terme est rarement défini et encore moins souvent référé à un cadre théorique. De là le sentiment que tout le monde parle d’innovation mais que personne ne parle de la même chose.

Pour éclairer les tensions entre les diverses acceptions, nous reviendrons aux origines politiques de la notion d’innovation à la Renaissance. Puis, nous retracerons deux traditions de recherche, en sociologie et en économie, qui, au début du xix^e siècle, en ont façonné un emploi conceptuel réglé. Nous examinerons, enfin, l’évolution des représentations du « processus d’innovation », c’est-à-dire du modèle séquentiel se déroulant de l’invention initiale à son application puis à sa diffusion (souvent commerciale) dans la société.

Au nom de l’innovation, il s’agit d’orienter la recherche technologique vers trois objectifs. Le premier est d’accélérer le progrès des lignées techniques. Le second de contrôler étroitement les finalités de la recherche scientifique. Le troisième d’améliorer la profitabilité des investissements dans la recherche. Cette réorientation est opérée à travers un certain régime de gestion de la recherche dont on peut questionner l’efficacité.

Présentée souvent comme la panacée (dans un discours que d’aucuns n’hésitent pas à appeler le « bullshit de l’innovation »), l’innovation constitue un projet de société : toujours plus vite, toujours mieux, et toujours moins cher, dont les enjeux en termes de progrès, de puissance et de profit, doivent être dégagés si l’on veut s’orienter vers des futurs désirables.

Aucune connaissance philosophique préalable n’est nécessaire pour suivre ce cours qui, dans la mesure du possible, se veut ouvert et interactif.